Haïti le 12 janvier 2010 : un désastre prévisible ?

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Haïti le 12 janvier 2010 : un désastre prévisible ?

2000002982373Haïti le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Avec un peu de recul, peut-on s’inspirer pour qualifier le tremblement de terre d’une magnitude moment de 7,0 qui secoua Haïti et plus particulièrement sa capitale Port-au-Prince le 12 janvier 2010 du titre de l’ouvrage de l’auteur colombien Gabriel García Márquez Chronique d’une mort annoncée (1981).

Claude Prepetit

On pourrait le croire si l’on se rapporte aux diverses mises en garde antérieures dont celle de l’ingénieur géologue haïtien Claude Prepetit dans un article paru dans le journal le Matin d’Haïti en date du 9 octobre 2008.

Haïti

Les tremblements de terre dans le pays d’Haïti-Thomas, serait-ce un mythe ou une réalité ? La question ne se pose même pas, car la menace sismique au niveau de la plaque caraïbéenne, en général, et de l’île d’Haïti, en particulier, est plus qu’une réalité. 

Secousses 

Sans vouloir adopter une attitude systématiquement pessimiste ou alarmiste, je refuse toutefois de me baigner dans l’illusion que les secousses sismiques désastreuses ne se produiront que chez les autres. 

Peuple

Un peuple sans mémoire, dit-on, est un peuple sans avenir. À nous Haïtiens de prendre dès aujourd’hui des mesures de mitigation.

Limiter

Limiter les dégâts comme les autres nations de la plaque caraïbéenne, particulièrement Porto Rico, Martinique et Guadeloupe, le font pour préserver les vies et les biens de leurs populations.

Prédiction

Il est vrai que, dans l’état actuel de nos connaissances technologiques, on ne peut pas prédire l’occurrence spatio-temporelle d’un tremblement de terre.

Avertissement

L’avertissement contenu dans cet article reflète ce que l’on sait sur la base de nombreuses observations qui permettent de déduire où la terre est susceptible de trembler dans le futur avec des conséquences qui peuvent être tragiques si l’on ne prend pas des mesures de protection appropriées.

Focaliser

Il ne s’agit pas ici uniquement de se focaliser sur ce tremblement de terre, car l’on ne peut ignorer la potentialité qu’un autre, aussi désastreux, survienne dans la région dans un avenir plus ou moins proche. 

Phénomène

Pour mieux saisir les enjeux et les conséquences de ce type de phénomène, il est nécessaire de placer notre analyse dans le contexte du risque sismique qui par définition est la convolution de la probabilité d’occurrence de l’aléa d’une « intensité donnée » par la vulnérabilité. 

Risque

En d’autres termes, le risque est la possibilité ou probabilité de pertes de vies, de dommages à la propriété et à l’héritage culturel dans une région exposée au danger d’un aléa naturel, dans ce cas le tremblement de terre. 

Catastrophe

La catastrophe étant la réalisation du risque. 

Cas

Il faut cependant relever que, dans le cas d’Haïti, si la magnitude a été élevée pour être dangereuse, c’est avant tout la vulnérabilité socio-économique du pays et plus spécifiquement de la région capitale qui a contribué à l’ampleur de la tragédie. 

Vulnérabilité

Cette vulnérabilité n’est pas une fatalité, elle peut se réduire par une approche multidisciplinaire et multi-acteurs.

2000002982373Port-au-Prince, le 15 janvier 2010. AFP/OLIVIER LABAN MATTEI.

Sismicité

La distribution géographique de la sismicité, pour des tremblements de terre de magnitude supérieure à 5,5 dans les années 1900-2002, entre l’Amérique centrale et les Caraïbes, délimite sous la forme d’une « langue » une grande unité géologique dénommée « la plaque des Caraïbes ».

Inclut

Elle inclut dans sa partie nord le sud de Cuba et les îles d’Hispaniola et de Puerto Rico. 

Plaque

Cette plaque a une frontière dans sa partie nord et nord-est avec celle d’Amérique du Nord et dans sa partie sud-est et sud avec celle d’Amérique du Sud. 

Interaction 

C’est l’interaction dynamique entre ces différentes plaques qui va générer, entre autres, les tremblements de terre dans la région. 

Hispaniola

Il est important de réaliser à ce stade que l’île d’Hispaniola est partie intégrante de ce que l’on peut appeler la « ceinture sismique caraïbe » ce qui implique que le phénomène de tremblement de terre n’y est pas exceptionnel. 

Expérience 

Il est par ailleurs intéressant de relever que l’expérience planétaire indique qu’un événement d’une magnitude de 5 dont le foyer est localisé à faible profondeur est déjà susceptible de provoquer des dégâts sérieux dans un environnement vulnérable.

Danger 

Pour analyser plus spécifiquement le danger sismique d’Haïti, il faut prendre en compte l’ensemble de l’île, Hispaniola étant dans une zone complexe où les plaques des Caraïbes et d’Amérique du Nord coulissent l’une par rapport à l’autre par un décrochement sénestre1 de l’ordre de 20 mm/an en moyenne.

Failles

Ce mouvement est essentiellement répercuté sur l’île par l’intermédiaire de deux systèmes majeurs de failles actives, au nord celle dite septentrionale dont le mouvement serait de 13 mm/an et au sud celle d’Enriquillo-Plantain-Garden (EPG)

Localisation

La carte de la figure 1 indique non seulement l’emplacement de ces failles principales, mais aussi la localisation approximative des tremblements de terre historiques majeurs dans la région, ces derniers confirment l’importance du danger sismique dans et aux alentours de l’île.

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Figure 1 - Zones de failles et séismes historiques de l’île d’Hispaniola. Note : les traits indiquent l’emplacement des zones de faille et les cercles la localisation approximative des séismes historiques.Sources : d’après Éric Calais, United States Geological Survey (USGS) (Bilham, 2010).

Observation 

Pour appréhender l’aléa sismique, il ne s’agit pas seulement de savoir que le pays est sismiquement dangereux, mais il faut tenter d’en établir le niveau de dangerosité ! 

Évaluer

Pour ce faire, il faut évaluer la probabilité d’occurrence d’un événement dommageable et définir dans la mesure du possible l’événement potentiel extrême, afin de construire des scénarios plausibles. 

Comportement

Pour connaître ce comportement sismique temporel régional, on fait généralement appel à trois approches complémentaires.

Failles

La première est l’étude des failles sub-récentes par des observations géomorphologiques directes sur le terrain ou indirectes par imageries aériennes et satellitaires de haute résolution : c’est le domaine de la paléosismicité. 

Décryptage

La deuxième est le décryptage des chroniques anciennes et des articles de presse relatant des tremblements de terre, c’est le champ de la sismicité historique. La troisième et la plus importante de ces approches prennent en compte l’observation instrumentale à l’aide de sismomètres de divers types. 

Domaine

C’est le domaine de la sismicité instrumentale qui est essentiel pour mieux typifier l’activité sismique locale, signalons aussi la surveillance du mouvement des failles actives et potentiellement actives à l’aide du système de positionnement global par satellites-GPS.

2000002982373Cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Port-au-Prince.Tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Zonage

Le zonage sismique est un outil essentiel pour la gestion à moindre risque du territoire, il s’agit de la cartographie de la réponse sismique spatiale qui inclut ou non l’effet de site en termes d’intensité de Mercalli modifiée.

Informations

Ces informations permettent de délimiter les zones constructibles avec ou sans réserves et celles qui ne le sont pas, c’est une aide précieuse pour les autorités à tous les niveaux.

Noter

Il faut noter d’ailleurs que le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a généré un intérêt tant pour un office gouvernemental comme le Service géologique des États-Unis que pour le secteur privé comme la compagnie suisse de réassurance Swiss Re.

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Carte de l’aléa sismique d’Haïti en intensité de Mercalli modifiée pour une probabilité de dépassement de 10 % en cinquante ans, établie par la Swiss Re.Sources : d’après Patrice Tscherrig, Swiss Re, 2010.

Conscience

Le tremblement de terre d’Haïti nous a, de nouveau, fait prendre conscience de nos limites face aux énergies libérées par la nature, mais cela ne doit pas servir d’excuse pour la non-mise en œuvre de nos savoirs dans le domaine de la réduction du risque de catastrophe. 

Cas

Certes dans le cas présent de nombreux éléments tels que la pauvreté, l’illettrisme, une gouvernance en difficulté ont joué le rôle de facteurs aggravants.

Catastrophes

Comment expliquer qu’un pays, fier de son passé, a oublié que son histoire est aussi parsemée de catastrophes sismiques importantes sans compter celles liées aux cyclones et que des mesures appropriées prises à temps peuvent sérieusement diminuer l’impact de la nature sur son environnement ? 

Utopie

Ce n’est pas de l’utopie, puisque, quelques semaines plus tard, un tremblement de terre d’une magnitude moment de 8,8, soit cinq cents fois plus énergétiques que celui d’Haïti secoua le Chili. 

Dégâts 

Les dégâts furent importants, mais le nombre de victimes fut relativement bas grâce à l’application des mesures parasismiques. 

Prévention

Il est vrai que la prévention et la mitigation n’offrent pas la même visibilité qu’un sauvetage spectaculaire lors d’une catastrophe, mais elles contribuent à la sécurité dont la population a besoin pour un développement durable harmonieux.



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